La superficie totale du vignoble mondial (incluant les superficies non récoltées et celles n’étant pas encore productives) était en 2010 de 7 750 milliers d’hectares (mha), ce qui représente une diminution de 0,9% par rapport à celle qui 2009. Recul qui est principalement dû à l’Union Européenne.
L’Europe à 27 regroupe actuellement 3 630 mha de vignes (soit 46% de la superficie mondiale). Son vignoble aurait* reculé de 64 000 ha entre 2009 et 2010, ce qui représente une variation de -1,7% entre ces deux années.
L’évolution de la morphologie du vignoble communautaire est principalement due la dernière Organisation Commune du Marché, c’était la seconde (et avant-dernière) campagne bénéficiant d’une prime européenne à l’abandon définitif. Ces primes ayant été moins attractives en 2010, moins d’arrachages ont été menés (bien que la réduction effective dépasse toujours celle qui serait causée par la seule et unique mise en place de cette mesure).
On peut voir dans le tableau ci-dessous les principales évolutions en surface des trois pays européens les plus viticoles (75% du vignoble communautaire et 35% de celui mondial), l’Espagne conservant la première place, la France et l’Italie restant en seconde et troisième positions.
Le vignoble extra-communautaire présente une superficie totale de 3 920 mha en 2010, il n’aurait* donc pas connu de variation de superficie pour la quatrième année consécutive. La seule variation notable est le recul du vignoble australien (il est actuellement de 179 mha, ayant subi un recul de -3,5% par rapport à 2009).
* : ces données 2010 sont issues de la note de conjoncture 2011 de l’OIV et sont, actuellement, à prendre avec les pincettes du « provisoire » qui leur est accolé.
La production mondiale de vin en 2010 : un millésime modeste
|
|
|
L’évolution de la production mondiale de vins de tous types (hors jus et moût) en 2010 est globalement régressive par rapport à celle de 2009. 260 millions d’hectolitres (MhL) auraient* été produits en 2010, soit une diminution de 4,1% par rapport à ce qui avait été produit en 2009.
Ces modestes résultats font de cette année l’équivalent de 1998 et 2002, soit l’une des plus faibles productions de ces dernières années.
On peut voir sur le tableau et le graphique ci-dessous les évolutions des principaux pays producteurs. Exceptée l’Argentine et sa croissance élevée (due à une moindre conservation des moûts), tous ont connu des diminutions plus ou moins significatives. La France reprend ainsi à l’Italie la tête des pays producteurs de tous les types de vins (hors jus et moûts), l‘Espagne suivant ensuite. Ce trio majeur continue à regrouper l’essentiel de la production mondiale soit 47,5% en 2010. Dans le détail, la France représente 17,3% de la production mondiale, l’Italie 17,2% et l’Espagne 13%. Si tous les pays européens voient leur production diminuer. La variation la plus remarquable reste la chute (-21%) de l’Allemagne. Cette dernière est due à des conditions climatiques défavorables survenues lors de la floraison, qui ont conduit aux plus faibles vendanges de ces 25 dernières années en Allemagne.
* : 256 à 263,7 MhL selon la fourchette de l’OIV, extrapolant des données non fournies.
|
Echanges internationaux en 2010 : un répartition hétérogène de la valeur
|
|
|
Si l’inversion du marché est totale par rapport à l’an dernier avec ses volumes en nette et forte hausse, la distribution de la valeur dégagée n’est pas homogène. Le rétablissement du marché en 2010 a vu les bénéfices des stratégies volumes exportés/prix de vente (expliquées dans la partie précédente) s’inverser.
Si la stratégie de la France a payé sur le long terme, l’augmentation en valeur surpassant celle des volumes (même si les quantités exportées sont inférieures de 12% à celles de 2007), celle de l’Espagne a mené à des résultats mitigés. Le volume exporté a retrouvé le niveau d’avant la crise financière, mais la valeur est bien inférieure. En fait les vins espagnols exportés restent préférentiellement ceux affichant de faibles prix, alors que dans le cas français, ce sont les vins de régions à fortes valeurs qui sont préférés (avec notamment une croissance en 2010 des exportations de Champagne et de Bordeaux de +22% et +17%). L’Italie a quant elle obtenu son record d’exportation (quasiment 21 MhL) grâce à un euro faible, augmentant ainsi sa compétitivité par rapport aux pays du Nouveau Monde ayant des devises plus fortes.
Le dollar faible a cependant permis aux Etats-Unis d’augmenter leurs exportations de vins à prix élevés et déjà embouteillés. Pour l’Argentine, la décroissance des volumes est imputable à celle du vin en vrac, alors que l’augmentation des valeurs est due à l’exportation de vins embouteillés (représentant 75% de la valeur exportée).
La décroissance significative (et inquiétante) du marché anglais a eu un impact fort sur les résultats australiens et sud-africains. Par rapport à 2009, les volumes de vins exportés depuis l’Australie vers le Royaume-Uni ont chuté de 56% en volume, pour une diminution de 47,2% en valeur. Dans le cas de l’Afrique du Sud, le marché anglais (qui est son premier marché d’export) a diminué de 15% pour ses volumes de vins importés. Les résultats du Chili sont quant à eux imputables à une diminution de la quantité de vins en vrac disponible (suite à de faibles rendements et à des pertes liées au tremblement de terre de 2010), même si le prix de ce type de vin a augmenté de 25% en moyenne.
|
Le marché chinois et sa relation privilégiée avec France : le pays du dragon, poulailler du coq gaulois?
|
|
|
Le marché chinois est en pleine expansion, on le sait et il le prouve encore. De 2006 à 2010, il a connu une augmentation annuelle de 20% en volume, pour parvenir actuellement à une quantité de 14 MhL (selon Euromonitor, 2011).
En parallèle, le marché du vin embouteillé a plus que triplé. Il était en 2010 de 1,4 MhL, ce qui représente 10% du marché des vins importés cette année là (douanes chinoises, 2011), pour une valeur de 489,8 millions d’euros. Ce marché est dominé par des vins rouges de valeur qui sont principalement redistribués dans le secteur des Cafés, Hôtels et Restaurants. De plus, lors de l’acte d’achat, les consommateurs chinois se réfugient dans le choix de valeurs sures, ce qui donne un avantage concurrentiel notable aux vins français, qui jouissent là-bas d’une excellente réputation. Cette configuration est tout particulièrement favorable à nos produits.
Si le marché chinois fut un véritable poumon pour les vins français lors de la crise (comme le marché russe le fut pour la production mondiale), ce débouché ne cesse de s’accroître. En effet, alors que les vins français (toutes régions confondues) chutaient à l’export de -8,2% en volume et de -18,8% en valeur entre 2008 et 2009, l’évolution de ces paramètres sur le marché chinois sur cette période étaient respectivement de +87% et +54,3% (données Rabobank, 2011). Sur la période 2009-2010, les vins français ont vu leurs volumes exportés s’accroître de 6,5% en volume et 14,6% en valeur au niveau mondial, sur le marché chinois, leurs évolutions respectives étaient de +57,9% et +53,3%.
Seule l’Australie réussit à égaler la France dans son positionnement (les deux pays affichant un prix moyen avoisinant 3,5€/L), même si ses volumes sont bien inférieurs. Les autres principaux pays importateurs (Chili, Etats-Unis, Italie et Espagne) ont des prix moyens de 30% inférieurs. La relation importateur/distributeur serait la principale raison de ce succès français. Comme on peut aisément l’imaginer, cette position hégémonique est enviée par les autres pays et une sensibilisation des consommateurs aux vins du Nouveau Monde pourrait menacer cette domination française à l’avenir, le « coq » aura sûrement défendre sa basse-cour bec et ongles!
Il est également à noter l’accroissement de l’import du vin en vrac en Chine, le coupage de ces vins étrangers avec les produits chinois locaux étant plus que répandu. On note ainsi que ces volumes ont triplé en 7 ans (passant de moins de 40 millions de litres importées en 2005 à presque 140 millions en 2010). Le Chili reste le leader de ce marché depuis 2004, mais l’Espagne et l’Australie ont très dernièrement augmenté leurs parts dans ce marché. Il faudra voir à l’avenir si cela est un artefact momentané lié à la faible production chilienne en 2010, ou si cela s’installe durablement.
La consommation mondiale du vin en 2010 : la décroissance à l’arrêt
|
|
|
La tendance à la décroissance de la consommation mondiale de vins, amorcée par la crise financière dés la seconde moitié de 2008, a connu en 2010 un coup d’arrêt net. La consommation mondiale se serait donc stabilisée à 236,3 millions d’hectolitres en 2010, soit un recul minime de 0,1% par rapport à celle de 2009.
La France conserve la première place en terme de consommation et connaît même une petite croissance de cette dernière. L’Espagne et l’Argentine connaissent une diminution notable de leurs consommations (-6% en volume chacune, en comparaison de 2010 avec 2009), alors que le Royaume-Uni relance la sienne (+4,1% dans le même contexte). Les Etats-Unis semblent arriver à un niveau de consommation stable, ce marché ayant connu une croissance forte, le faisant accéder à la seconde place des marchés intérieurs en 2007.
Le degré d’équilibre du marché mondial entre production vinifiée et vins consommés ne sera pas atteint cette année, mais il devrait être soit identique à celui de l’an passé, soit deux fois moindre (selon la fourchette prévisionnelle donnée par l’OIV). L’excédent étant compris entre 14,2 et 33,3 millions d’hL en 2010, alors qu’il était de 34,7 millions en 2009.
Ce qui est peut-être l’information la plus rassurante de ce dossier, l’essentiel étant que le vin produit soit bu.
|
|
source : http://www.vitisphere.com/dossier.php?id_intertitre=55592&id_dossier=50550 |